Un Statut Pour Toutes et Tous et Une Cité Sans Frontières

Extrait du livret Solidarité sans frontières par Solidarité sans frontières

Also available in English // también disponible en español

Le Canada repose essentiellement sur le vol des terres autochtones et le génocide et déplacement continu des peuples autochtones. Ses frontières ont été établies par des guerres coloniales au profit des colons européens. La reconnaissance de cette réalité est au cœur de notre rejet des frontières de l’État du Canada et du système de statut à multiples vitesses, d’expulsion et de détention créé par ses lois en matière d’immigration.

« Un statut pour toutes et tous » signifie que nous réclamons un  programme de régularisation complet, exhaustif et continu pour toute  personne n’ayant pas la résidence permanente ou la citoyenneté et  résidant à Montréal, au Québec ou au Canada. En exigeant un statut pour tous et toutes, nous sommes solidaires de toutes les personnes migrantes.

En refusant de reconnaître toutes les personnes migrantes comme membres à part entière de la société, l’État crée une réalité injuste au sein de nos communautés : certaines personnes ont accès à des droits et des services fondamentaux—comme l’éducation, les soins de santé et les normes du travail—et d’autres non. Une personne sans-papiers, qui n’a pas la résidence permanente ou la citoyenneté, peut facilement être exploitée parce qu’elle vit dans la peur d’être arrêtée ou expulsée.

Auparavant, le racisme explicite et l’évocation de fausses notions de supériorité culturelle justifiaient le fait que certaines personnes jouissaient de droits et services que l’on refusait systématiquement à d’autres. Au 21ème siècle, ce système d’exclusion fait partie d’un vaste système d’apartheid global au sein duquel le Sud global est systématiquement exploité et opprimé au profit du Nord global.

Nous luttons contre l’apartheid à l’international comme à l’interne. Les capitales canadiennes délocalisent les emplois afin de tirer profit des conditions de travail de régions en situation de crise ou d’instabilité. En même temps, les politiques fédérales et provinciales en matière d’immigration piègent les migrantEs qui fuient la crise et l’instabilité en les attirant au Canada vers un autre système d’exploitation. Dans les usines, les champs agricoles, les restaurants, les hôpitaux et les foyers aux alentours de Montréal, des migrantEs sans papiers et temporaires travaillent dans la précarité à produire des biens et des denrées alimentaires, à nettoyer, à servir et à prendre soin des enfants de la classe moyenne et riche. Les avantages sociaux dont bénéficient les citoyenNEs canadienNEs sont subventionnés par le travail des personnes injuriées, dans le discours public, par les termes « illégaux », « faux réfugiés »,« criminels », menaces à la « sécurité nationale », « terroristes », et menaces à « nos valeurs ».

La campagne « Cité sans frontières » a pour but de généraliser et d’élargir certains des principes de base qui ont guidé les luttes immigrantes à Montréal.

Dans le but que cette vision s’approche de plus en plus de la réalité, nous demandons aux organismes et aux centres communautaires, aux collectifs, aux syndicats, aux soignantEs, aux institutions d’éducation, aux coops d’habitation et à tout le monde de s’engager à fournir des services à toute personne égalitairement, sans égard pour son statut migratoire.

Pour des milliers de migrantEs sans-papiers à travers le pays, les villes comme Montréal, Toronto, et Vancouver sont de véritables ateliers de misère. Ces immigrantEs et ces réfugiéEs occupent les emplois les plus précaires et les plus dangereux. L’économie canadienne ne peut pas se passer de cette main d’œuvre surexploitée, rendue précaire parce que sans statut permanent et vivant dans la menace constante de la déportation.

Tout le monde devrait avoir droit aux soins de santé, à l’éducation, au logement social, aux banques alimentaires, à un revenu pour les sans-emplois, sans égard à son statut migratoire. Les normes du travail et les droits humains doivent être appliqués également pour tout le monde.

Nous appelons Cité sans frontières la vision qui s’oppose à cette réalité, qui veut que nos communautés, basées sur une exploitation raciste, se transforment en espace d’aide et de soutien mutuel pour les immigrantEs et les réfugiéEs, ainsi que pour toutEs les MontréalaisEs.

On nous propose la peur, la précarité et la division. Nous répondons par la solidarité, l’entraide mutuelle et l’action directe.

Nous voulons briser l’isolement et la peur associés à la réalité des sans-papiers. Un statut pour tous et toutes rejette les tactiques de division employées par l’État pour catégoriser les migrantEs « méritantEs » et « non-méritantEs », ou « bonNEs » et «mauvaiSEs ». Nous cherchons à tisser de véritables liens de solidarité entre toutes les personnes migrantes, quelles que soient les raisons pour lesquelles elles migrent, qu’il s’agisse de migrantEs récemment arrivéEs ou de migrantEs « intégréEs », de sans-papiers, de réfugiéEs, de travailleuses et travailleurs temporaires, de personnes assistées sociales, criminalisées ou vivant avec un handicap.

En termes simples, un statut pour tous et toutes signifie que toutes les personnes résidant au Canada ont droit à l’accès égal à tous les services sociaux et jouissent des mêmes droits. Un statut pour tous et toutes signifie que nous luttons et faisons campagne pour que tous les résidentEs, peu importe leurs origines, vivent dans la dignité en tant qu’êtres humains.

UN STATUT POUR TOUS ET TOUTES!